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Jean-Christophe Pietri : « Les autistes et les dys peuvent être des atouts pour les entreprises »


Pierre BERETTI le Jeudi 22 Novembre 2018 à 17:10

A l’occasion de la semaine européenne du handicap l’ARS a organisé une réunion sur le Job Coaching destiné à accompagner les personnes en situation de handicap dans leur carrière professionnelle. Sur la thématique de l’autisme et des troubles « dys » Jean-Christophe Pietri, qui connait bien la problématique, est venu apporter son expérience mais aussi et surtout des solutions concrètes à envisager avec un développement économique à la clé.



Crédit photos : Michel Luccioni
Crédit photos : Michel Luccioni
Dans le cadre de la semaine européenne du handicap, José Maniavaca, directeur du pôle médicosocial à l’ARS avait convié bon nombre d’organismes et d’acteurs sur la thématique du Job Coaching. Etait également convié Jean-Christophe Pietri au titre de militant actif de l’association Espoir Autisme et parent d’enfants autiste et dyslexique.

Jean-Christophe Pietri est venu présenter des solutions concrètes pour l'accompagnement professionnel des handicapés
Jean-Christophe Pietri est venu présenter des solutions concrètes pour l'accompagnement professionnel des handicapés
Pouvez-vous nous expliquer les enjeux de cette réunion ?
Il s’agissait de présenter le Job Coaching et les mesures qui seront mises en place au profit des handicapés. Le Job Coaching est l’accompagnement des personnes en situation de handicap dans leur formation et début de carrière professionnelle. Pour ma part, je suis venu m’exprimer sur le Job Coching mais aussi sur le développement d'entreprise alliant le concept intergénérationnel, l'économie sociale et solidaire et la place de l'état dans ce système.
 
Aujourd’hui au regard de votre parcours et de celui de votre fils Florian atteint d’autisme, vous posez quels constats ?
Nous avons dû nous adapter mais aussi nous battre pour faire valoir notre point de vue et faire accepter une autre vision du handicap. Nous n’avons pas accepté que notre fils soit déscolarisé et nous l’avons stimulé avec de multiples activités. Aujourd’hui Florian a 19 ans il a eu son brevet et un CAP de cuisine et se destine à l’apprentissage de la pâtisserie. Nous n’avons pas écouté les voix qui nous poussaient à abandonner au risque même que ma femme ou moi-même soyons obligés de quitter nos emplois. Cela aurait donné deux assistés sociaux de plus et deux personnes malheureuses. Je ne parle pas que de mon expérience personnelle, je suis un militant engagé dans l’association Espoir Autisme représentée par Nonce Giacomoni qui fait un travail formidable. Nous devons encore convaincre et surtout être force de proposition pour apporter des idées de solutions.
 
Vous avez argumenté sur les autistes et les « dys » comme pouvant être de réels atouts dans la société ?
Exactement. Il faut arrêter de penser que les personnes handicapées, dys , autistes ou autres sont des personnes loufoques. Si on a trouvé la clé de leur comportement et qu’on les a mis sur les rails vers un retour à l'inclusion sociale elles seront amenées à apporter deux choses dans les entreprises :
En premier lieu c'est l’esprit combattif elles ont vécu un parcours difficile pour en arriver là. Contrairement à ce qu’on peut penser elles viennent de loin donc elles tiennent particulièrement à leur emploi. Elles auront l'esprit d'entreprise.
Ensuite, elles auront l'esprit d’innovation comme elles ne sont pas passées par le cursus habituel sociétal, elles apporteront un regard différent.
 
Quelles seraient les pistes à explorer ?
Un coach ne peut être un spécialiste de chaque métier. S'il est formé aux neuro sciences et au comportement humain, il va éviter les crises, il va habituer la personne à son environnement professionnel. Il n’aura pas forcément la technicité pour enseigner un métier précis. Par ailleurs, une entreprise va vite elle n’a pas toujours le temps même si elle a besoin de former, d’autant plus deux personnes à savoir le coach et la personne handicapée.
Or, nous avons une population de retraités non négligeable en Corse qui est une manne de connaissances techniques non exploitée voir gâchée. Ces personnes seraient très heureuses de servir à quelque chose en transmettant les gestes techniques indispensables et leurs expertises. Ils possèdent finalement ce qui coute le plus cher : le temps.
En parallèle, il est important de penser à la création d'entreprises dans le cadre de création d'eco-quartiers sociaux inclusifs, avec l’aide de plusieurs personnes, d'anciens chefs d’entreprise, en activité ou non, des personnes au chômage  ou accidentées de la vie, mais avec des compétences j’ai rencontré les maires de Bastia et d'Ajaccio, la Préfète de Région , le Préfet de département de Haute-Corse , le directeur de l'ARS.  J'espère également rencontrer la Rectrice prochainement.
Nous avions également exposé notre sentiment à la conseillère du Président de la République lors de sa venue.
 
Sur quoi se sont basées vos réflexions ?
Nous avons déjà établi le constat que les éducateurs pourraient bénéficier d’une formation complémentaire adéquate. Nous avons notamment la chance d’avoir une personne en Corse qui a été formée aux Etats Unis dans les neurosciences et qui pourrait apporter son expertise.
Ensuite, nous avons regardé les choses qui sont mises en place ailleurs comme en Israël, aux USA ou encore en Angleterre. En Angleterre, 20 % des chefs d'entreprise sont atteints d'un trouble dys ou autiste et 4 % de la population est autiste ou dyslexique.
Créer par exemple des quartiers inclusifs en centre-ville avec une population qui travaille en situation de handicap est un vecteur économique de redynamisation des centres-villes. En effet les personnes handicapées ne sont pas fans des grands centres commerciaux, elles préfèrent avoir une reconnaissance sociale chez le petit commerçant de son quartier. Ce ne sont pas les crédits qui manquent, ni l’appui des pouvoirs publics c'est de présenter de réels projets crédibles et viables.
Pour cela, il faut des études de faisabilité exhaustives, il faut réellement former des gens à la méthodologie de projet et intégrer que les neurosciences ont un impact direct sur l'économie mais aussi sur la façon d'on on apprend le travail.

Découvrir le clip vidéo "Comme les autres"  produit par Jean-Christophe Pietri  parlant de l'autisme .
Interprètes : Paul Vintimila & Élodie Sanchez
Auteur Compositeur : Alain Bonin
Réalisateur Marc Geoffroy